Les policiers

Comment étudier historiquement le policier, comme individu et comme groupe social ?

L’historien des polices peut mettre en œuvre les outils classiques que sont la biographie et la prosopographie, prendre en compte les variables d’âge, d’origine sociale, de niveau d’études ou de genre. La question de l’intégration historique des minorités et des femmes dans les métiers de police constitue un point important de l’historiographie.

La diversité des polices selon les lieux et les époques impose une attention particulière aux différentes typologies de police et aux circulations des individus entre les différents corps. Dans une profession marquée par un turn-over important et par la recomposition fréquente des organigrammes, la reconstitution des carrières peut se révéler complexe. Les études sur l’entrée dans un corps de police, tout comme celle sur la sortie, montrent aussi la proximité étroite avec d’autres professions liées à l’administration, à la justice ou à l’usage de la force. Le lien entre police et armée par exemple est souvent avéré, sauf lorsque le modèle militaire sert de repoussoir.

La professionnalisation des corps de police n’est en rien un processus historique linéaire et simultané dans le monde. Elle renvoie à l’étude des modalités de formation, à l’apparition des écoles de police comme à l’exigence de qualités physiques, intellectuelles et morales de la part des personnels policiers. La discipline interne des corps, les modalités de contrôle des policiers, les punitions et les renvois, les récompenses et promotions font partie du quotidien des polices.

Enfin, il s’agit aussi d’observer historiquement le rapport entre l’homme, sa fonction et l’institution. D’abord, en se rappelant que ce rapport a un aspect géographique: les membres des forces de l’ordre sont-ils encasernés ? Vivent-ils près de la zone où ils exercent leurs fonctions ? D’où sont-ils originaires ? Ensuite, il faut avoir conscience que, selon les corps, la notion de « service » peut s’imposer comme une exigence permanente ou être bien délimitée dans le temps. Comment se comporte le policier lorsqu’il n’est pas en service? Quels sont ses loisirs ou distractions, ses éventuelles autres occupations professionnelles, ses liens familiaux et amicaux ? Est-il intégré à d’autres cercles de sociabilité que ses collègues ?